Mardi 9 novembre à 21h, l’énigme du gigantesque robot mystère dessiné sur le mur arrière du Théâtre National de Bretagne sera officiellement résolue. Cette œuvre du plasticien italien Blù est le point de départ de la pièce Marx, un racconto d’inverno programmée pendant le festival Mettre en Scène.
«La vitesse à laquelle il allait ! C’est pas possible, il devait avoir tout le croquis dans la tête!» Le gardien du TNB n’en revient toujours pas, éberlué par la technique et l’efficacité de Blù. «Il était dans une nacelle, guidé par deux personnes.» L’un d’eux était Silvano Voltolina, le metteur en scène du spectacle. «J’ai rencontré Blù il y a cinq, six ans lorsqu’il débutait l’art dans la rue. On a eu envie d’unir nos travaux; que la mise en scène de théâtre et la peinture murale se croisent et s’éclairent l’une l’autre.»
Leur choix s’est porté sur une pièce de Roberto Fratini Serafide qui raconte le séjour de Karl Marx à Londres pendant l’Exposition Universelle de 1851. Avec une idée force: la marchandise prend une importance supérieure à l’homme qui la produit. Baignoires, vélos, cercueil sur canapé, meubles en tout genre, armes diverses, chien, chaussures, voiture, bateau, baby-foot, violoncelle, balai, horloge, toilettes, cheval à bascule, réveil, pelleteuse…, impossible de lister les centaines d’objets qui constituent la fresque. Plus vous la fixez, plus vous en voyez; à vous donner le tournis!
Exactement l’effet voulu par Blù: «C’est une question de perspective. (…) Je veux pouvoir focaliser l’attention sur le moindre détail présent sur le mur, pour éloigner le regard du spectateur de la scène et raconter une autre histoire avec les images.» Silvano Voltolina précise:«Cette montagne de marchandises a sa propre volonté. Elle s’agrandit, se multiplie. C’est une énergie qui modèle l’homme. Nous voulions une figure anthropomorphe, mais il y a plusieurs degrés d’interprétation. Je vois une sorte de spectre, chaque fois que je regarde j’ai une impression différente.»
Hormis le point bleu d’un lampadaire, et un cœur rouge entre ses doigts, le «robot» est en noir et blanc. «La pièce se déroule à l’époque des débuts de la photographie. Blù dessine seul. Une personne pilotait la nacelle et moi je lui parlais. Ça nous a pris cinq jours»,raconte Silvano.
Comment procède-t-il ? «Il peint les contours en blanc puis utilise le gris pour les ombrages. Les coulures sont voulues, comme des fils qui tombent. Ce personnage est une grande marionnette qui contrôle et manipule.» Passé ce prologue extérieur d’une vingtaine de minutes,«destiné à imprimer la première image qui doit persister dans l’esprit du spectateur», la pièce se poursuit dans salle Parigot.
Eric Prévert
Photos © Stephanie Priou / Ville de Rennes
• Du 9 au 13 novembre au TNB (http://www.t-n-b.fr/fr/mettre-en-scene/fiche.php?id=260)
• Site de Blù : http://www.blublu.org/
L'oeuvre de Blù, de nuit (DR).
«La vitesse à laquelle il allait ! C’est pas possible, il devait avoir tout le croquis dans la tête!» Le gardien du TNB n’en revient toujours pas, éberlué par la technique et l’efficacité de Blù. «Il était dans une nacelle, guidé par deux personnes.» L’un d’eux était Silvano Voltolina, le metteur en scène du spectacle. «J’ai rencontré Blù il y a cinq, six ans lorsqu’il débutait l’art dans la rue. On a eu envie d’unir nos travaux; que la mise en scène de théâtre et la peinture murale se croisent et s’éclairent l’une l’autre.»
Leur choix s’est porté sur une pièce de Roberto Fratini Serafide qui raconte le séjour de Karl Marx à Londres pendant l’Exposition Universelle de 1851. Avec une idée force: la marchandise prend une importance supérieure à l’homme qui la produit. Baignoires, vélos, cercueil sur canapé, meubles en tout genre, armes diverses, chien, chaussures, voiture, bateau, baby-foot, violoncelle, balai, horloge, toilettes, cheval à bascule, réveil, pelleteuse…, impossible de lister les centaines d’objets qui constituent la fresque. Plus vous la fixez, plus vous en voyez; à vous donner le tournis!
Exactement l’effet voulu par Blù: «C’est une question de perspective. (…) Je veux pouvoir focaliser l’attention sur le moindre détail présent sur le mur, pour éloigner le regard du spectateur de la scène et raconter une autre histoire avec les images.» Silvano Voltolina précise:«Cette montagne de marchandises a sa propre volonté. Elle s’agrandit, se multiplie. C’est une énergie qui modèle l’homme. Nous voulions une figure anthropomorphe, mais il y a plusieurs degrés d’interprétation. Je vois une sorte de spectre, chaque fois que je regarde j’ai une impression différente.»
Hormis le point bleu d’un lampadaire, et un cœur rouge entre ses doigts, le «robot» est en noir et blanc. «La pièce se déroule à l’époque des débuts de la photographie. Blù dessine seul. Une personne pilotait la nacelle et moi je lui parlais. Ça nous a pris cinq jours»,raconte Silvano.
Comment procède-t-il ? «Il peint les contours en blanc puis utilise le gris pour les ombrages. Les coulures sont voulues, comme des fils qui tombent. Ce personnage est une grande marionnette qui contrôle et manipule.» Passé ce prologue extérieur d’une vingtaine de minutes,«destiné à imprimer la première image qui doit persister dans l’esprit du spectateur», la pièce se poursuit dans salle Parigot.
Eric Prévert
Photos © Stephanie Priou / Ville de Rennes
• Du 9 au 13 novembre au TNB (http://www.t-n-b.fr/fr/mettre-en-scene/fiche.php?id=260)
• Site de Blù : http://www.blublu.org/
L'oeuvre de Blù, de nuit (DR).
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