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C’est graff docteur ?

(via ecrans.fr)

par Marie Lechner

DR
« Ce que je préfère dans le graffiti, c’est le tag. C’est la forme la plus pure de graffiti, la plus abondante, mais aussi la plus mal aimée », dit l’artiste hacker américain, Evan Roth qui se passionne pour ces calligraphies, signatures express griffonnées sur les murs. Et plus précisément pour ce qu’on ne voit pas, c’est-à-dire le geste furtif du tagueur qu’il s’est mis en tête de capturer.
Lui-même n’est pas un pro de la bombe comme il l’admet volontiers. En revanche, il manie habilement le code informatique. Après des études d’architecture, suivi d’une thèse sur « Graffiti et Technologie » à Parsons, l’école new-yorkaise de design, il cofonde le Graffiti Research Lab, qui va renouveler cet art urbain en l’hybridant avec les technologies « pour faire des graff toujours plus hauts, toujours plus grands ». Parmi ses inventions, les Throwies, loupiotes LED couplées à des aimants et des piles qu’on jette et qui se collent sur le mobilier urbain, ou le Laser Tag qui permet des graffitis monumentaux au laser dans l’espace public.
Evan Roth développe la première version de Graffiti Analysis son analyseur de mouvements, en 2004. Il repère des tags familiers (Hell, Avone, Jesus Saves et Katsu) sur ses trajets et demande aux quatre graffeurs de reproduire leur signature avec un marqueur surmonté d’une lumière, traquée par une caméra.
Un logiciel de son cru récupère, analyse et enregistre les données de mouvement, archivées dans une base de données 000000book.com, libre et ouverte à tous. Les graffeurs sont invités à partager leur style manuel, ce qu’ont déjà fait plusieurs stars comme Seen, Twist, Amaze et Jonone. Une application iPhone permet également de tracer au doigt son propre tag puis de l’envoyer dans l’archive qui compte 10 000 animations en 3D.
Tous les tags créés avec le logiciel sont sauvegardés dans un nouveau standard (le graffiti markup language) compatible avec d’autres applications qu’Evan a aidé à développer. Ainsi d’Eye Writer, un dispositif bon marché et open source, qui permet littéralement d’écrire avec les yeux, développé pour TemptOne, graffiti artist atteint d’une sclérose latérale amyotrophique qui le laisse complètement paralysé sauf au niveau des yeux. Grâce à Eye Writer, lauréat du prix Ars electronica cette année, il a pu se remettre à taguer la ville depuis son lit d’hôpital.
Les développeurs sont quant à eux invités à créer de nouvelles applications et visualisations de ces mouvements. L’artiste Golan Levin a utilisé ces données pour faire dessiner ces tags par des robots industriels et Benjamin Gaulon par son Printball, robot armé d’un fusil de paintball qui mitraille les lettres sur les murs. « Mon objectif est de réunir deux communautés qui, chacune à leur manière, hackent le système, que ce soit dans le code ou le paysage urbain », explique Evan Roth.
Il espère aussi renouveler le tag en proposant des formes inattendues « afin que les gens puissent apprécier la beauté de ces calligraphies avec un œil neuf ». A la Kunsthalle de Vienne, il vient d’exposer une sculpture 3D d’un tag capturé sur le vif et matérialisé avec une imprimante 3D. « Une manière de faire entrer clandestinement ces tags illégaux dans le musée. » Après la version 2.0 présentée à la fondation Cartier en 2009, Evan Roth, installé depuis à Paris, propose ce samedi, pour la clôture du festival Les grandes traversées à Bordeaux, une version 3.0, avec des tags projetés qui s’écrivent sur les murs entourés d’un nuage de particules pulsant en fonction des sons environnants et de la structure des bâtiments.
Paru dans Libération du 10/07/2010

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